Annick de Souzenelle

A propos des temps d’aujourd’hui

Pour la Bible, la vie du peuple hébreu est prototype de celle de l’humanité.
Esclave en Egypte pendant de longues années ce peuple hébreu est soudain secoué par ce qu’il est convenu d’appeler « les dix plaies d’Egypte » qui ne sont autres que les conséquences des transgressions, des Egyptiens comme des Hébreux, des lois qui structurent le créé : quand on abat par exemple le mur de soutènement, il ne faut pas s’étonner que la maison s’écroule. Chaque plaie d’Egypte est un aspect de cet écroulement.
C’est aussi ce qu’ils se passe aujourd’hui pour l’humanité toute entière qui a fait des finances son dieu et qui en est esclave. Cela nous a amené à transgresser les lois divines les plus structurantes du créé, et aujourd’hui la maison s’écroule.
Le coronavirus en est la couronne. En référence à l’Arbre qu’est l’Homme, il saisit la tête et les poumons. Il ne sera éradiqué que par un changement de tête, de niveau de conscience. Il exige un changement radical de l’humanité vers son ontologie.
Semblable à un Arbre, l’humanité a puisé pendant un long hiver et par ses racines terre dans les profondeurs de la terre qui est aujourd’hui épuisée et craque de partout. L’humanité-Arbre doit maintenant puiser par ses racines-ciel dans les richesses divines.
Tel l’hébreu quittant l’Egypte, nous devons passer par le désert, soit un temps de désécurisation redoutable mais incontournable, avant de retrouver notre nature première, ontologique et divine.
Nous sommes conduits à vivre un enfantement grandiose. Ce sont, aujourd’hui, les premières contractions.

Dequelle couronne s’agit-il ?

Cherchant un éclairage sur les événements qui saisissent aujourd’hui toute l’humanité, je m’appuie sur la Bible et sur la vie du peuple hébreu, prototype de celle de l’humanité.

Au livre de l’Exode, nous lisons que ce peuple esclave en Égypte depuis de longues années est soudain secoué avec les Égyptiens, de dix plaies successives qui ne sont autres que les conséquences des transgressions de tous, des lois ontologiques qui structurent le créé. Ces dernières sont comparables à l’interdiction que l’on a d’abattre le mur de soutènement d’une maison et qui, transgressée, fait que la maison s’écroule.

Chaque« plaie d’Égypte » est un aspect de cet écroulement :

·      Première plaie : les eaux changées en sang. Aujourd’hui chargées du sang des réfugiés et de tant d’autres!

·      Deuxième plaie : « les grenouilles – Tsephardʿïm, en hébreu », que l’on peut lire : «l’essor des connaissances ».
Nous avons atteint au UN par la seule voie extérieure soit au fruit de l’Arbre de la Connaissance sans l’être devenu. Avec l’intelligence artificielle nous commençons à toucher à l’Arbre de Vie. Nous allons y être empêchés :
« … Empêchons-le d’avancer la main, et de prendre aussi de l’arbrede vie de peur qu’il ne vive continuellement dans les temps » (Gn3, 22)

·      Troisième plaie : « la vermine – Kinim » : nos certitudes, nos idoles.

·      Quatrième plaie : « l’insecte –ʿAroḇ » : nos démons qui œuvrent à notre place.

·      Cinquième plaie : « la peste –Deḇer », écrit des mêmes lettres que Daḇar, qui signifie la chose mais aussi le Verbe : « Toute chose coupée du verbe qui la fonde crée la peste »
Tant de lois érigées contraires aux archétypes. Tant de philosophies vides de sagesse divine ! Tant de choses coupées du Verbe divin et chosifiées !…

·      Sixième plaie : « la lèpre –Sheḥyne », que l’on peut lire « Sheḥets », est l’orgueil et son cortège de volonté de puissance et de gloire, celle des tyrans.

·      Septième plaie : « la grêle – Barad »: un jeu de lettres unit ce Barad à Daḇar, le « Verbe » en hébreu. En résonance étroite avec le Verbe et le sexe. La grêle est ici le débordement et toutes les dérives de la sexualité…

·      Huitième plaie : « les sauterelles –ʿArebeh » qui viennent manger ce que la perversité sexuelle n’a pas détruit et l’on peut penser à toutes les fausses spiritualités.

·      Neuvième plaie : « la ténèbre –Ḥoshekh » : l’Homme est mangé par la peur.
« Chacun tâtonne » ne voit pas l’autre et ne peut se lever de sa place.
Chacun est confiné chez soi …

·      Dixième plaie : « l’ange exterminateur – Mashḥit » vient frapper l’Égypte mais passe au-dessus de la porte des Hébreux marquée du sang de l’agneau préalablement sacrifié. « Passer au-dessus, épargner » est en hébreu Passaḥ, étymologie de notre substantif français « Pâques ». Et l’Exterminateur, Mashḥit, est aussi le Messie ! Les fils aînés des Égyptiens sont alors tués ainsi que les animaux premiers-nés ! Depuis la 4ème plaie, les Hébreux se sont éveillés à l’œuvre messianique et se sont mis à l’écart des Égyptiens pour commencer leur Travail intérieur. Sauvés de cette 10ème plaie, ils se préparent alors à quitter l’Égypte, leur terre de servitude, pour aller vers la « terre promise ».
« Va vers toi » collectif.

Au milieu d’eux Moise se lève, que Dieu dresse en qualité de guide de leur puissante mutation. Ce qui s’est passé pour un peuple il y a plus de 3000 ans se joue aujourd’hui pour l’humanité entière ; et le passage d’une terre à l’autre ne sera plus géographique, mais celui d’un niveaude réalité à un tout autre qui demande mutation intérieure. La mutation qui se profile aujourd’hui est celle du passage d’une humanité jusqu’ici encore animale et très inconsciente à un état totalement nouveau ; celle du passage de l’Homme (homme ou femme) qui se croyait libre en pouvant faire ce qu’il voulait alors qu’en réalité il était agi par une énergie animale de ses profondeurs inconnues, passage, ai-je dit, à l’Homme dont la liberté sera acquise par le grand’œuvre d’intégration de ces énergies ainsi devenues information-connaissance. Ce « grand’œuvre » est divino-humain, non plus celui d’un être qui prie un Dieu extérieur à lui de l’aider, mais qui le rencontre, en lui-même. Et cette rencontre ne peut se faire au départ que dans le désert lorsque toute référence à ce qui était n’est plus. Cette rude désécurisation est incontournable ; elle est l’une des premières étapes du chemin de déification de l’Homme. L' humanité toute entière y est aujourd’hui appelée.

Notre Dame incendiant son cœur il y a un an, nous l’annonçait. Et les peuples tout entier dans les rues depuis des mois étaient saisis d’un malaise beaucoup plus profond qu’ils ne le conscientisaient. Sentant la terre se dérober sous leurs pieds, ils cherchaient le « bouc émissaire » pour l’envoyer au désert… et la situation s’est brusquement renversée, ce sont eux qui, tous, sont envoyés au désert. Aujourd’hui tous confinés chez eux comme pour un « va vers toi » auquel peu sont préparés !

Au désert, n’ayons pas peur !
Le Dieu des Hébreux leur envoyait chaque jour la « manne et la caille » ; la caille en hébreu, « selav », jouant avec le verbe « shalev » écrit des mêmes lettres et signifiant « tout ce dont on a besoin » (Ex16,13). Seule cette situation d’apparent exil, alors qu’elle est en réalité sortie d’exil, fera se retourner les êtres qui, sécurisés par en haut, se verticaliseront. Cette image nous permet de rappeler que l’homme est un arbre qui a puisé pendant un long hiver dans ses racines « Terre ».Aujourd’hui un printemps s’annonce l’amenant à puiser dans les racines« Ciel », à s’enivrer d’air et de lumière et à donner son fruit, celui de la connaissance, mais de la connaissance acquise par la voie intérieure, la réalisation divine de l’être.
Elle sera sa couronne.

Le coronavirus dit ici son nom. Il coupe les têtes ; il est le fruit de l’Arbre de la Connaissance acquis par la seule voie extérieure.
Son expansion est œuvre du Mashḥit, l’ « Exterminateur » de la dernière plaiede l’Égypte mais aussi celle du « messie » !
Il ne sera arraché de nos têtes que par une symbolique décapitation, un changement de niveau de conscience radical.

Alors chante le prophète Isaïe, messager de la parole divine adressée à l’humanité :
« Tu seras une couronne éclatante dans la main de ton Seigneur, un turban royal dans la main de ton Dieu. On ne te nommera plus« Délaissée », on n’appellera plus ta terre « Désolation »mais celle qui porte mon plaisir en elle, mon épouse, car le Seigneur met son plaisir en toi. » (Isaïe 62, 3-4)

Mars 2020 – Annick de Souzenelle

 

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